Rédiger une annonce : un art dépassé ?
Les prophètes de malheur en ont été pour leurs frais : tout comme la digitalisation n’a nullement mis un terme à l’écrit ni à la lecture, elle n’aura jamais « ringardisé » la petite annonce.
Bien au contraire, le web en a considérablement accru le potentiel, en lui ouvrant un public infiniment plus large, et une capacité de ciblage inédite. Même si le recrutement informel et le sourcing direct voient également leur efficacité dynamisée par le numérique, l’annonce demeure omniprésente : 4 cadres sur 10 lui doivent leur poste.
La petite annonce : état des lieux
Au cours des années 2000, l’annonce en ligne a non seulement dépassé (dès 2003 pour les cadres) puis éclipsé totalement l’annonce papier ; elle a également pris des « parts de marché » au recrutement par relations personnelles, passé derrière le recrutement par annonce sur internet en 2007 sur le marché des cadres. Mais pas aux cabinets de recrutement, qui au contraire ont plutôt pris de l’importance !
L’annonce continue donc à jouer un rôle fondamental dans la mise en relations entre recruteurs et candidats – que ce soit directement ou en complément d’autres voies. Selon l’Apec, en 2014, il y a eu diffusion d’une annonce dans 85% des cas de recrutement de cadre, le « marché caché » du recrutement informel ne représentant que 8%.
L’avènement du digital a finalement fait pour l’annonce ce qu’il a fait pour l’écrit en général, pour le contenu expert, pour l’audiovisuel… : il l’a décorrélée du support physique – en l’occurrence, le journal papier – pour lui donner une nouvelle vie, sous de multiples formats et par l’intermédiaire d’un grand nombre de canaux. L’annonce n’apparaît plus simplement dans les colonnes austères des quotidiens papiers, mais sur les réseaux sociaux, sur les jobboards, et bien entendu sur les sites des cabinets de recrutement, ceux des entreprises recruteuses, celui de Pôle emploi. On la trouve même, retour aux sources, sur les sites des journaux par le biais des partenariats publicitaires. Elle s’invite partout où elle trouve à exprimer son efficience dans la mise en relation – jusqu’au site Leboncoin, initialement conçu pour la vente de biens entre particuliers.
Internet a donc démultiplié l’annonce à travers les réseaux, avec toutes les possibilités, positives ou négatives, offertes par ce média : la viralité vs le placard numérique, le ciblage ultrapertinent vs la surexposition à des publics non concernés, l’interactivité vs le malentendu…
Pourquoi publie-t-on une annonce ?
L’annonce, en réalité, remplit un rôle multiple :
- Elle demeure, bien sûr, l’hameçon, le signal lumineux qui attire les candidats porteurs des compétences recherchées par le recruteur ;
- Elle joue aussi un rôle de vitrine de l’entreprise : elle est un outil de communication à part entière, ne serait-ce qu’en envoyant le message que l’organisation recrute et se développe, mais aussi en véhiculant son image et sa culture ;
- Conséquence du précédent rôle, elle est un vecteur de la marque employeur, qu’elle porte sur ses différents réseaux.
De ce fait, la rédaction des annonces exige une attention soutenue, et peut impliquer tout un processus en amont d’acculturation du rédacteur (quel qu’il soit), de « chartage », formel ou informel, puis de co-création entre le manager concerné et la RH… Avec un détour souhaitable par la communication, le community management, pour s’assurer de l’impact optimal du rédactionnel. La réalisation de l’annonce, c’est aussi l’occasion de faire le point sur le poste, les compétences recherchées, et son intégration dans l’organisation telle qu’elle est. Tous les processus RH trouvent se rencontrent ainsi dans ces quelques lignes de rédactionnel.
En définitive, l’annonce reste un art, c’est-à-dire une forme qui ne se met pas en équation… Mais c’est un art plus que jamais d’actualité, et dont la maîtrise est indispensable à la panoplie du recruteur – même s’il n’est pas son seul outil, loin de là !
Dans un prochain billet, Chloé Mesquida vous donnera les clés d’une annonce réussie.
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