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« Tout travail mérite salaire ». L’adage décrit bien le socle du contrat de travail : mes efforts contre une rétribution. La fiche de paie, qui en l’absence d’autre document vaut contrat de travail, reste la matérialisation de ce lien. Et si, heureusement, la relation de travail va le plus souvent bien au-delà de cette base commune, celle-ci doit impérativement être assurée. D’où la vigilance des salariés, dont 1 sur 3 aurait constaté une erreur dans son bulletin dans l’année écoulée. D’où, également, l’importance cruciale du rôle du responsable paie et de son équipe.
En 2015, le bulletin de paie est sur la sellette. Trop complexe : c’était l’objet du rapport Sciberras, qui proposait cet été des pistes pour le simplifier. Mais pas trop de simplification non plus : les salariés ne veulent pas avoir l’impression qu’on leur cache des informations. D’autant que les collaborateurs veillent au grain, et vérifient leurs bulletins : c’est notamment ce que nous apprend le sondage conduit par l’Ifop pour le cabinet de prestations RH Securex auprès d’un échantillon représentatif de 1000 salariés en octobre 2015.
97% des salariés regardent leur bulletin plus d’une fois dans l’année
En effet, la quasi-totalité des salariés, selon cette enquête, consulte leur fiche de paie. Pour une écrasante majorité (85%), ils le font même chaque mois, et ils ne sont que 2% à déclarer ne jamais regarder leur bulletin (et 1% une fois par an). L’assiduité de cette vérification mensuelle est plus importante chez les plus âgés – 9 salariés de plus de 50 ans sur 10 – et décroît avec le niveau hiérarchique – seulement 3 sur 4 dans la catégorie « cadres et professions libérales ».
L’enquête, à vrai dire, ne permet pas de distinguer entre le collaborateur qui jette un œil distrait sur le chiffre en gras pour s’assurer que tout va bien, et celui ou celle qui « épluche » le bulletin à la recherche d’un éventuel oubli. Il reste qu’1 sur 3 a repéré au moins une erreur au cours de l’année écoulée – de quelque nature que ce soit, montant du salaire, cotisations, heures travaillées, congés, remboursements… 16% en ont même relevé « à plusieurs reprises ».
Parmi les champions de l’erreur, on trouve les plus jeunes (39% des 18-34 ans), les ouvriers (44%), les collaborateurs d’entreprises moyennes (42% dans les entreprises de 50 à 249 salariés), les habitants du Nord-Est (39%).
Un niveau de confiance important malgré tout
Le bulletin de paie semble donc conserver aux yeux de bien des salariés une valeur très significative, aussi bien symbolique qu’utilitaire. Une des raisons, peut-être, de la lenteur avec laquelle progresse sa dématérialisation ? Jean-Christophe Sciberras, constatait dans son rapport de juillet dernier qu’au sein du groupe Solvay, dont il est le DRH pour la France, le bulletin électronique ne bénéficiait qu’à 15% des salariés de la filiale française, mais à 95% de leurs collègues allemands et à 73% au Royaume-Uni.
Il reste que 22% des salariés français, selon l’étude de Securex, reçoivent leur paie avec des retards occasionnels ou carrément à une date irrégulière – en particulier les jeunes, les ouvriers, les salariés de la construction et des TPE. Une proportion à peu près équivalente à celle des salariés qui n’ont pas confiance en leur employeur pour intégrer les changements réglementaires en matière de droit du travail…
Si l’on regarde le verre à moitié plein, 4 salariés sur 5 (79%) ont, eux, confiance en leur entreprise pour produire une paie qui soit « réglo » ; et seuls 4% ne lui font « pas du tout confiance ». Preuve, sans doute, que les services paie font leur travail, et que leur rôle dans la cohésion de l’entreprise ne doit jamais être sous-estimé !
Crédit illustration : jusep/Fotolia